vendredi 22 juillet 2011

Sur la visibilité de l'Eglise



De la Passion, de la résurrection et du triomphe final de JÉSUS-CHRIST en son Église


     Ayant voulu donner des preuves innombrables afin de défendre l'indéfectibilité (immutabilité et perpétuité) et la visibilité perpétuelle de l'Église catholique romaine jusqu'à la fin des temps, trouvées par la plupart dans des actes des Papes et dans des écrits des docteurs de l'Église, etc., et, si le Bon Dieu veut, cette démonstration aura lieu une autre fois. Mais dans un premier temps, voici un texte précieux et très intéressant tiré des oeuvres de Mgr. L.G. de Ségur, Prélat dans la Maison du Pape Pie IX, Chanoine de l'Ordre des Évêques du Chapitre Impérial de Saint-Denys, qui traite cet article important de notre Foi catholique. En même temps, il faut nous rappeler un autre dogme de foi : l'infaillibilité du magistère de l'Église enseignante qui se compose du Pape et des évêques unis au Pape. Il est clair que, séparés du Pape, les évêques (incluant les Pères de l'Église et mêmes les saints) sont faillibles, donc ils peuvent errer dans la foi, toujours s'ils se détachent de l'enseignement du Pape : « Le Saint-Siège a toujours cru, l'usage perpétuel de l'Église prouve, et les Conciles oecuméniques eux-mêmes ont déclaré que dans la primauté apostolique était la puissance suprême du magistère ou le droit suprême d'enseigner l'Église universelle. (Vat., chap. IV.)

Le texte en question est composé des extraits de l'opscule Je Crois,  tiré des « Oeuvres de Mgr. de Ségur », 10-ème tome, page 69. (Paris, Librairie Saint-Joseph, TOLRA, Libraire-éditeur, 112, rue de Rennes, 1887)


JE CROIS

« Comme l'auteur l'indique dans sa préface, cet opuscule est une simple et courte exposition de la doctrine catholique touchant le mystère de la divinité de JÉSUS-CHRIST. Il a été examiné et revu avec un soin minutieux par de très-graves théologiens, aussi éminents par leur doctrine que par leur piété. En deux ans, près de dix mille exemplaires en ont été répandus dans le public; et le Souverain-Pontife a bien voulu l'honorer du beau et touchant Bref Apostolique que voici :


BREF DE N. T.-S. P. LE PAPE PIE IX

« PIE IX, PAPE.

     « Cher Fils, Salut et Bénédiction Apostolique.

     « Bien que vous sachiez déjà combien volontiers Nous agréons vos hommages, vous avez tenu à Nous les rendre plus agréables encore en Nous offrant le nouvel opuscule où vous êtes appliqué à raffermir dans le peuple et à mettre plus en lumière la foi aux mystères de l'Incarnation du Seigneur et de notre Rédemption. Nous n'avons pu lire encore, absorbé que Nous sommes par les sollicitudes de Notre ministère; mais Nous avons la ferme confiance qu'en publiant si souvent de ces sortes d'écrits si clairs, si bien  adaptés à l'intelligence et à l'ésprit des masses, vous ne contribuez pas peu à empêcher la diffusion de l'impiété; par ces opuscules, en effet, la saine doctrine est défendu, propagée, semée et gravée dans les esprits; et ainsi vos travaux vous prépareront à juste titre la récompense promise à ceux qui enseignent aux multitudes les voies de la justice.
     « Aussi vous souhaitons-Nous et la santé et les forces dont vous avez besoin pour vous dévouer longtemps encore à ce laborieux et très-utile ministère, afin que la couronne que vous vous tressez devienne de jour en jour plus splendide.
     « En attendant, comme gage des faveurs célestes et comme témoignage de Notre gratitude et de Notre amour paternel, Nous vous accordons, cher Fils, de tout Notre coeur, la Bénédiction Apostolique.
     « Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 22 janvier 1874, en la vingt-huitième année de notre Pontificat. »

« PIE IX, PAPE. »


« Élevé moi-même à l'école de l'Université, j'ai été plus de quinze ans à me débarrasser des milles préjugés dont l'enseignement universitaire avait infecté mon esprit. J'étais prêtre depuis huit et dix ans, que je me ressentais encore parfois des calomnies dont on avait bercé ma jeunesse, au sujet de la Papauté et du rôle des Papes dans l'histoire, au sujet des Ordres religieux et en particulier des Jésuites, au sujet de la piété, etc. » (Mgr. de Ségur)


Que JÉSUS-CHRIST est, dans la personne du Pape, le Chef, le Pasteur et le Docteur de l'Église Catholique-Romaine

« [...] Le divin Roi de l'Église, Jésus, perfectionna pour toujours l'oeuvre ébauchée dans l'Église patriarcale et dans l'Église mosaïque. Il se choisit un Vicaire, un autre lui-même, et il l'établit Roi et Père spirituel des chrétiens, Monarque suprême du monde catholique. Il lui donna la charge de paître, en son nom et jusqu'à son retour, le troupeau universel de ses brebis et de ses agneaux. Il fit de lui le dépositaire de son autorité, de sa toute-puissance spirituelle (le pouvoir des clés); il lui conféra le don surnaturel et divin de l'Infaillibilité dans l'enseignement officiel de l'Église; il le préposa au gouvernement de toute sa maison, à la garde des moeurs, et il voulut que toute créature demeurât soumise à l'autorité du Pontife Romain, sous peine de damnation éternelle.
     Au-dessous des son Vicaire, au-dessous du Souverain-Pontife de son Église, JÉSUS-CHRIST établit l'Ordre des Évêques, destiné à partager la sollicitude suprême du Pape, et à gouverner, sous sa houlette pastorale, les Églises particulières. Aux Évêques il adjoignit les prêtres et les diacres; et après avoir réglé avec saint Pierre et les Apôtres les points essentiels du culte divin, de la dispensation des sacrements et des choses saintes, il remonta corporellement au ciel, en présence de plus de cinq cents disciples, le jour de l'Ascension.
     Dix jours après, suivant sa promesse, il envoya l'Esprit-Saint à Pierre et aux apôtres réunis au Cénacle, autour de la Reine-Mère de l'Église, avec plus de cent disciples, prémices du sacerdoce catholique et du peuple chrétien.
[...] Les Apôtres, soumis à JÉSUS-CHRIST dans la personne de Pierre, se répandirent dans le monde entier, prêchant la foi, fondant des Églises, consacrant des Évêques, des prêtres et des diacres, semant de toutes parts la parole de vérité, lavant les âmes dans la sang du Christ, couvrant la terre du mystique froment de l'Eucharistie. [...] C'est JÉSUS-CHRIST qui faisait tout cela, en ses serviteurs.... Par les successeurs de saint Pierre, le Fils de Dieu continue depuis dix-neuf siècles l'apostolat du salut et de la seule civilisation véritable... Et il en sera ainsi jusqu'au second avénnement du Fils de Dieu. Alors la gloire du serviteur disparaîtra devant la gloire du Maître; alors le Souverain-Pontife du ciel sera pour toute l'éternité le seul Chef de son Église ressuscitée et triomphante, et introduira dans les divins pâturages du Paradis l'immense troupeau de ses élus...


De la Passion, de la résurrection et du triomphe final de JÉSUS-CHRIST en son Église
(pour faciliter la lecture, j'ai omis les citations entières en latin comme elles étaient dans l'original, mais j'ai laissé les titres pour référence)


     JÉSUS-CHRIST et l'Église forment un tout indivisible; le sort de l'un, c'est le sort de l'autre; et de même que là où est la tête, là également doit se trouver le corps, de même les mystères qui se sont acomplis en JÉSUS-CHRIST durant sa vie terrestre et mortelle doivent se parachever en son Église durant sa vie militante d'ici-bas. JÉSUS-CHRIST a eu sa Passion et son crucifiement : l'Église doit avoir, elle aussi, et sa Passion, et son crucifiement final. JÉSUS-CHRIST est ressuscité et a triomphé miraculeusement de la mort : l'Église ressuscitera, elle aussi, et triomphera de Satan et du monde, par le plus grand et le plus prodigieux de tous les miracles : celui de la résurrection instantanée de tous les élus, au moment même où Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST, entr'ouvrant les cieux, en redescendra plein de gloire avec sa sainte Mère et tous ses Anges. Enfin, JÉSUS-CHRIST, Chef de l'Église, est monté corporellement au ciel le jour de l'Ascension : à son tour, l'Église ressuscitée et triomphante montera au ciel avec Jésus, pour jouir avec lui, dans le sein de DIEU, de la béatitude éternelle.
Nous ne connaissons d'une manière certaine "ni le jour ni l'heure (Ev.Matth., XXV, 13.)" oû se passeront ces grandes choses. Ce que nous savons, d'une manière générale mais infaillible, parce que cela est révélé de DIEU, c'est que "la consommation viendra lorsque l'Évangile aura été prêché dans le monde entier, à la face de tous les peuples (Ibid., XXIV. 14.)" Ce que nous savons, c'est qu'avant ces suprêmes et épouvantables secousses qui constitueront la Passion de l'Église et le règne de l'Antechrist, il y aura, dit saint Paul, l'apostasie ( II ad Thess., II, 3.), l'apostasie générale ou quasi-générale de la foi de la sainte Église Romaine (Corn. a Lap., in loc.cit.). Enfin, ce que nous savons, c'est qu'à cette redoutable époque le caractère général de la maladie des âmes sera "l'affaiblissement universel de la foi et le refroidissement de l'amour divin, par suite de la surabondance des iniquités (Ev.Matth., XXIV, 12)."
     
     Les Apôtres ayant demandé un jour à Notre-Seigneur à quels signes les fidèles pourraient reconnaître l'approche des derniers temps, il leur répondit : d'abord qu'il y aurait de grandes séductions, et que beaucoup de faux docteurs, beaucoup de semeurs de fausses doctrines rempliraient le monde d'erreurs et en séduiraient un grand nombre (Ibid., 10, 11.); - puis, qu'il y aurait de grandes guerres et qu'on n'entendrait parler que de combats; que les peuples se jetteraient les uns sur les autres, et que les royaumes s'élèveraient contre les royaumes (Ibid., 6, 7.); - qu'il y aurait de tous côtés des fléaux extraordinaires, des maladies contagieuses, des pestes, des famines, et de grandes tremblements de terre (Ibid., 7.). "Et tout cela, ajouta le Sauveur, ce ne sera encore que le commencement des douleurs (Ibid., 8.)" Satan et tous les démons en seront la cause. Sachant qu'il ne leur reste plus que peu de temps, ils redoubleront de fureur contre la sainte Église; ils feront un dernier effort pour l'anéantir, pour détruire la foi et toute l'oeuvre de DIEU. La rage de leur chute ébranlera la nature (Apoc., XII, 9, 12.), dont les éléments, comme nous l'avons dit, resteront jusqu' à la fin sous les influences malfaisantes des mauvaises esprits.
     
Alors commencera la plus terrible persécution que l'Église ait jamais connue; digne pendant des atroces souffrances que son divin Chef eut à souffrir en son corps très-sacré, à partir de la trahison de Judas. Dans l'Église aussi il y aura des trahisons scandaleuses, de lamentables et immenses défections; devant l'astuce des persécuteurs et l'horreur des supplices, beaucoup tomberont, même des prêtres, même des Évêques; "les étoiles des cieux tomberont", dit l'Évangile. Et les catholiques fidèles seront haïs de tous, à cause de cette fidélité même (Ev. Matth., XXIV, 5, 9.).
      
Alors celui que saint Paul appelle "l'homme du péché et le fils de perdition (II ad Thess., II, 3.)," l'Antechrist commencera son règne satanique et dominera tout l'univers. Il sera investi de la puissance et de la malice de Satan (Apoc. XIII. 2.). Il se fera passer pour le Christ, pour le Fils de DIEU; il se fera adorer comme DIEU, et sa religion, qui ne sera autre chose que le culte de Satan et des sens, s'élèvera sur les ruines de l'Église et sur les débris de toutes les fausses religions qui couvriront alors la terre (II ad Thess. II, 4.).
      
L'Antechrist sera une sorte de César universel, qui étendra son empire sur tous les rois, sur tous les peuples de la terre; ce sera une infâme parodie du royaume universel de JÉSUS-CHRIST. Satan lui suscitera un grand-prêtre, parodie sacrilège du Pape; et ce grand-prêtre fera prêcher et adorer l'Antechrist par toute la terre. Par la vertu de Satan, il fera de grands prodigues, jusqu'à faire descendre le feu du ciel en présence des hommes; et, au moyen de ces prestiges, il séduira l'univers. Il fera adorer, sous peine de mort, l'image de l'Antechrist; et cette image paraîtra vivre et parler; également sous peine de mort, il commandera que tous, sans exception, portent au front ou sur la main droite le signe de la bête, c'est-à-dire le caractère de l'Antechrist. Quiconque ne portera point ce signe, ne pourra ni vendre ni acheter quoique ce soit (Apoc. XIII, II-17.). Autour des images de l'Antechrist, les prestiges de Satan seront tels, que presque tout le monde les prendra pour de vrais miracles; et les élus eux-mêmes auraient pu être séduits à la longue; mais, à cause d'eux, le Seigneur abrégera ces jours (Ev. Matth., XXIV, 22, 24.).
      
"L'abomination de la désolation régnera dans le lieu saint (Ibid., 15.)", pendant "trois ans et demi, pendant quarante-deux mois (Apoc., XIII, 5.)", correspondant aux quarante-deux heures qui se sont écoulées, comme nous l'avons dit déjà, depuis le commencement des ténèbres du crucifiement de JÉSUS, le Vendredi-Saint, jusqu'à l'heure de la résurrection, le dimanche de Pâques, au lever du soleil.
      
Quoique toujours visible et composée de ses éléments essentiels, l'Église sera pendant tout ce temps-là comme crucifiée, comme morte et ensevelie. Il sera donné à l'Antechrist de vaincre les serviteurs de Dieu, et de faire plier sous son joug tous les peuples, et toutes les nations de la terre; et, sauf un petit nombre d'élus, tous les habitants de la terre l'adoreront, en même temps qu'ils adoreront Satan, auteur de sa puissance (Ibid., 7, 8, 4.). Si jadis le féroce Dioclétien a pu croire un instant qu'il avait définitivement détruit le nom chrétien, que sera-ce en ces temps-là, dont ceux de Dioclétien de de Néron n'ont été qu'un pâle symbole? L'Antechrist proclamera orgueilleusement la déchéance du christianisme, et Satan, maître du monde, se croira un instant vainqueur.
      
Mais en ces temps-là, comme nous l'apprennent et l'Écriture et la Tradition, s'élèveront contre l'Antechrist "les deux grands témoins (Ibid., XI, 3.)" de JÉSUS-CHRIST, réservés pour ces derniers jours, à savoir le Patriarche Hénoch et le Prophète Élie, qui ne sont pas morts, comme l'enseigne expressément l'Écriture. Ils viendront prêcher les voies du Seigneur. Ils prêcheront JÉSUS-CHRIST et le règne de DIEU pendant douze cent soixante jours, c'est-à-dire pendant la durée presque entière du règne de l'Antechrist. La vertu de DIEU les protégera et les gardera. Ils auront le pouvoir de fermer le ciel et d"arrêter la pluie pendant tout le temps de leur mission. Ils auront le pouvoir de changer les eaux en sang et de frapper la terre de toutes sortes de plaies (Ibid., 3, 4, 5, 6.). Ils feront des miracles sans nombres, semblables à ceux de Moïse et d'Aaron ("On peut en voir le récit prophétique en plusieurs passages de l'Apocalypse, laquelle comme chacun sait, est la grande prophétie des derniers temps de l'Église"), lorsque ceux-ci combattirent en Égypte l'impie Pharaon et préparèrent la délivrance du peuple de DIEU. Comme Moïse et Aaron, les deux témoins de JÉSUS-CHRIST ébranleront l'empire et le prestige du Maudit.
      
Celui-ci néanmoins parviendra à s'emparer d'eux, et ils subiront le martyre, "là où leur Seigneur a été crucifié (Apoc., XI, 8.)", c'est-à-dire à Jérusalem; ou bien peut-être à Rome, où le dernier Pape aura été crucifié par l'Antechrist, suivant une tradition immémoriale.
      
Après trois jours et demie, les deux grands précurseurs du Roi de gloire ressusciteront à la face de tout le peuple; et ils monteront au ciel, sur une nuée, pendant qu'un terrible tremblement de terre jettera partout l'épouvante (Ibid., 11, 12, 13.).
      
Pour relever sa puissance, l'Antechrist, singeant la triomphale ascension du Fils de DIEU et des deux grands Prophètes, tentera, lui aussi, de monter au ciel, en présence de l'élite de ses adeptes. Et c'est alors que Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST, "semblable à la foudre qui de l'orient à l'occident déchire le ciel, apparaîtra tout à coup sur les nuées, dans toute la majesté de sa puissance (Ev. Matth., XXIV, 27, 30.)", frappant de son souffle et l'Antechrist (II ad Thess., II, 8.) et Satan et les pécheurs. Tout ceci est prédit en termes formels (I ad Thess., IV, 15.). Comme nous l'avons dit, l'Archange Michel, le Prince de la milice céleste, fera retentir toute la terre du cri de triomphe qui ressuscitera tous les élus (Ev. Matth., XXIV. 31.). Ce sera le Consummatum est de l'Église militante, entrant pour toujours dans la joie du Seigneur.
      
Cette "voix de l'Archange" sera accompagnée d'une combustion universelle, qui purifiera et renouvellera toutes les créatures profanées par Satan, par le monde et par les pécheurs. La foi nous apprend, en effet, qu'au dernier jour, JÉSUS-CHRIST doit venir juger le monde par le feu (Rit.Rom.). Ce feu vengeur et sanctificateur renouvellera la face de la terre et fera "une nouvelle terre et des nouveaux cieux (Psal., CIII, 30.), (Apoc. XXI, 1.)". Comme au Sinaï, comme au Cénacle, l'Esprit-Saint se manifestera ainsi par le feu, en ce jour redoutable entre tous.
   
      
Telle sera la fin terrible et glorieuse de l'Église militante; telle sera, autant du moins que la lumière toujours un peu voilée des prophéties nous permet de l'entrevoir, telle sera la Passion de l'Église; telle sera sa résurrection suivie de son triomphe. Corps mystique du Fils de DIEU, elle aura suivi son divin Chef jusqu'au Calvaire, jusqu'au sépulcre, et par cette fidélité elle aura mérité de partager sa gloire à tout jamais. »