vendredi 22 juillet 2011

Sur la mort de saint Jean l'Evangéliste (1-er partie)



« Le Saint-Siège a toujours cru, l'usage perpétuel de l'Église prouve, et les Conciles oecuméniques eux-mêmes ont déclaré que dans la primauté apostolique était la puissance suprême du magistère ou le droit suprême d'enseigner l'Église universelle. (Vat., chap. IV.) »

Ayant donc en vue le dogme de l'infaillibilité du Pape, et en admettant que même les saints peuvent errer, s'ils se séparent de l'enseignement du Saint-Siège, explorons quelques témoignages sur la question longtemps débattée de la mort de saint Jean l'Évangéliste.

Dans son 6-ième volume de son "Histoire générale de l'Églse", page 512, l'abbé Darras accepte la mort de saint Jean :
           
            « Il s'endormit dans le Seigneur, le dernier des douze apôtre, âge de près de cent ans (99). Les Éphésiens se flattaient peut-être que "Jean ne mourrait point". Mais, ainsi que le saint évangéliste l'avait observer lui-même, Notre-Seigneur n'avait point parlé de la sorte. Le corps de saint Jean reçut la sépulture sur une montagne voisine d'Éphèse. »

            Dans son histoire de saint Jean, à la page 352, où on lit aussi des opinions contradictoires des auteurs graves sur la mort de saint Jean l'Évangéliste, l'Abbé Maistre donne une narration authentique des disciples de saint Jean qui l'ont vu mourir de leurs propres yeux :

            « Puis il descendit et se coucha dans le tombeau, où il avait étendu ses vêtements, en nous disant :
            - Frères, la paix soit avec vous !

Ayant ensuite béni tous les assistants, et leurs ayant dit adieu, il se déposa lui-même tout vivant dans son sépulcre, commanda qu'on le couvrit, et, glorifiant le Seigneur, il rendit l'esprit à l'instant même. »


Dans la vie des saints, Les Petits Bollandistes, volume 14, page 492,  Mgr Paul Guérin, camérier du Pape Pie IX, s'exprime ainsi sur la mort de saint Jean l'évangeliste :

            « Nous avons déjà dit que quelques auteurs ont cru qu'il n'était pas mort, mais que Notre-Seigneur l'avait réservé avec Hénoch et Elie, pour combattre l'Antéchrist à la fin du monde. C'est l'opinion de saint Hippolyte, évêque de Porto, dans son Traité de la consommation du monde, mais elle n'est point soutenable; car, outre que saint Jean la rejette lui-même dans son Évangile, par ces paroles : Et non dixit Jesus : non moritur : "Et Jésus ne dit pas que ce disciple ne devait point mourir"; outre qu'en son Apocalypse, en parlant des combats contre l'Antechrist, il ne fait mention que de deux témoins, qui prêcheront mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs, et qui seront enfin massacrés par la bête, toute l'antiquité n'a point douté de sa mort, non plus que de celle des autres Apôtres... Le pape saint Célestin 1-er, dans l'Épître aux Pères du Concile d'Ephèse, parle aussi de ses reliques, qui étaient honorées en cette ville... L'Église croit que sa mort fut naturelle et que, après avoir bu le calice du Seigneur au pied de la croix et lorsqu'il fut jeté à Rome dans une chaudière d'huile bouillante, il expira paisiblement à Ephèse le 27 décembre. »

Dans son Année liturgique, temps de Noël, tome 1, Dom Guéranger, avant de citer les cantiques que l'Église grecque consacre à saint Jean (page 353), il s'exprime ainsi sur sa mort, à la page 342 :

            « Ce passage de l'Évangile [sur la mort de saint Jean] a beaucoup occupé les Pères et les commentateurs. On a cru y voir la confirmation du sentiment de ceux qui ont prétendu que saint Jean a été exempté de la mort corporelle, et qu'il attend encore, dans la chair, la venue du Juge des vivants et des morts. Il n'y faut voir cependant, avec la plupart des saints docteurs, que la différence des deux vocations de saint Pierre et de saint Jean. Le premier suivra son Maître, en mourant, comme lui, sur la croix; le second sera reservé; il atteindra une heureuse vieillesse; et il verra venir à lui son Maître qui l'enlèvera de ce monde par une mort tranquille. »

            Selon les commentaires de la Bible de Fillion, tome 7, page 462, il est écrit que saint Jean mourut à Ephèse, vers l'an 100, sous l'empire de Trajan.

            La Bible Martini est une autre source très importante où on trouve des notes précieuses sur la mort de saint Jean l'Évangeliste. C'est la Vulgate traduite en italien avec des notes et citations des Pères de l'Église par Mgr Antonio Martini. Elle fut la grande Bible catholique officielle italienne pendant environ 200 ans. La Bible Martini fut approuvée dans son intégrité par le Pape Pie VI avec un Bref de 16 avril 1778. Elle n'est pas seulement la traduction en italien de la Vulgate, mais aussi une comparaison et une vérification scrupuleuse, mot à mot, avec les manuscrits hebraïques, grecs et aramaïques; Dans chacun de ses 26 volumes on trouve aussi les variations entre ces manuscrits et la Vulgate. Il est dit aussi que dans les éditions après 1870, toutes les notes originales ont été remplacées.

Pour les intéressés, la Bible Martini avec les notes originales peut être téléchargée entièrement ici :

http://www.liber-liber.it/biblioteca/inlavorazione/02_dacontrollare/bibbiamartini/bibbia.zip


Dans la préface de l'Évangile de saint Jean, volume 22 de la Bible Martini, page 327, et aussi selon les commentaires du verset 21:21, il est écrit que saint Jean mourut environ 30 ans après la destruction de Jérusalem. Quant à la croyance que saint Jean ne mourrait pas, qu'il ne ressusciterait pas, mais qu'il vivrait jusqu'au dernier jour du monde pour passer après de la vie temporelle à la vie éternelle avec Jesu-Christ, l'Évangeliste dit que cette interprétation ne s'approprie pas aux paroles du Christ, qui n'avait jamais dit que Jean ne mourrait pas ou qu'il devait attendre dans le monde Sa dernière venue.

Terminons avec la Bible de Vence qu'elle très connue pour faire son éloge.

Dans le volume 19, page 628-643, on trouve une dissertation détaillée sur la mort de saint Jean l'évangeliste. Des auteurs sacrés (Pères de l'Église, docteurs, etc) de l'Église grecque et latine donnent des opinions contraires sur la mort de l'Évangeliste. On peut consulter ces opinions soi-même, parce que la Bible de Vence est maintenant presque entièrement disponible on ligne. Il manque seulement le volume 3 qui n'est pas encore numérisé. Les autres 24 volumes de la 4-ième édition de cette Bible on peut les télécharger ici :

http://books.google.fr/books?id=3Nw7AAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=%22augustin+calmet%22&lr=&as_brr=1&cd=17#v=onepage&q=&f=false

Lisons la conclusion magistrale de cette dissertation, volume 19, page 643, conclusion qui répond aussi aux cantiques que l'église grecque consacre à saint Jean :

            « Il faut donc conclure que l'opinion qui tient que saint Jean n'est pas mort, ou qu'il est ressuscité, n'est appuyée sur aucun fondement solide, et que ni les anciens ni les modernes, à l'exception d'un très-petit nombre d'auteurs, ne l'ont jamais regardée que comme une opinion populaire, qui ne méritait aucune croyance. C'est en vain que l'on veut mettre dans ce parti l'église latine; elle n'a jamais adopté ce sentiment. Pour les Grecs, nous les abandonnons sans peine. Depuis leur schisme, ils sont tombés dans une ignorance, dans des erreurs et des superstitions bien éloignées de l'ancienne capacité et de la piété de leurs ancêtres. »