« O JÉSUS! vrai Fils de Dieu, notre Roi et notre Frère, rassemblés tous ici au pied de vos autels, nous venons nous donner pleinement à vous et nous consacrer à votre divin Coeur.
Vous le savez, Seigneur, nos bras se sont armés pour la défense de la plus sainte des causes, de la vôtre, Seigneur, puisque nous sommes les soldats de votre Vicaire.
Vous avez permis que nous fussions associés aux douleurs de Pie IX, et qu'après avoir partagé ses humiliations, nous fussions violemment séparés de notre Père.
Mais, Seigneur, après avoir été chassés de cette terre romaine où nous montions la garde au tombeau des Saints-Apôtres, vous nous prépariez d'autres devoirs, et vous permettiez que les soldats du Pape devinssent les soldats de la France.
Nous avons paru sur les champs de bataille, armés pour le combat. Votre Coeur adorable, représenté sur notre drapeau, arbitrait nos bataillons.
Seigneur, la terre de France a bu notre sang, et vous savez si nous avons bien fait à la patrie le sacrifice de notre vie.
Beaucoup de nos frères sont morts; vous les avez rappelés à vous parce qu'ils étaient mûrs pour le ciel.
Mais nous, nous restons, et nous ignorons le sort que vous nous réservez.
Faites, mon Dieu, que la vie que vous nous avez laissée soit tout entière consacrée à votre service.
Nous portons tous sur nos poitrines l'image de votre Sacré-Coeur; faites que nos coeurs en soient l'image encore plus vraie; rendez-nous dignes du titre de soldats chrétiens.
Faites que nous soyons soumis à nos chefs, charitables pour le prochain, sévères pour nous-mêmes, dévoués à nos devoirs et prêts à tous les sacrifices.
Faites que nous soyons purs de corps et d'âme, qu'ardents dans le combat, nous devenions tendres et compatissants pour les blessés.
O JÉSUS, dans les dangers et dans les souffrances, c'est de votre divin Coeur que nous attendons notre plus puissant secours. Il sera notre refuge, lorsque tous les appuis humains nous manqueront, et notre dernier soupir sera notre dernier acte d'espérance dans la miséricorde infinie.
Et vous, ô divine MARIE, que nous avons choisies pour notre Mère, à vous aussi nous avons rendu témoignage.
Nos champs de bataille ont vu le long cortège des mères, des épouses et des soeurs en deuil; et lorsque de pieuses mains remuaient la terre qui recouvre la mort, on savait reconnaître les nôtres à votre scapulaire.
Soyez donc notre protectrice, et obtenez-nous la grâce de nous tenir chrétiennement unis à vous dans le Sacré-Coeur de JÉSUS, durant la vie et à la mort, pour le temps et l'éternité. Ainsi soit-il. »
Et le général de Charette, regardant et montrant le drapeau du Sacré-Coeur teint du sang de ses zouaves, dit d'une voix posée, claire et fortement accentuée :
« A l'ombre de ce drapeau, teint du sang de nos plus nobles et plus chères victimes, moi, baron général de Charette, qui ai l'insigne honneurs de vous commander, je consacre la légion des Volontaires de l'Ouest, les zouaves pontificaux, au Sacré-Coeur de JÉSUS; et, avec ma foi de soldat, je dis de toute mon âme, et vous demande de le dire tous avec moi : COEUR DE JÉSUS, SAUVEZ LA FRANCE!!! »
Et tous, d'un même coeur et d'une seule voix, poussèrent le cri de salut de la patrie : COEUR DE JÉSUS, SAUVEZ LA FRANCE!
Le jour où la France entière le répétera, le jour où le Roi très-chrétien, le petit-fils de saint Louis, le répétera à la face du ciel et de la terre, obéissant enfin aux ordres miséricordieux du Rois des rois, la France sera sauvée, et par la France, Rome et l'Église!
Coeur adorable de JÉSUS ! faites luire au plus tôt ce grand, ce beau jour.