Saint
Nicolas soufflette le juif impie Arius
«
Ce fut un grand événement que la réunion d'un si
grand nombre d'évêques à Nicée en présence
de l'empereur Constantin. Le paganisme y voyait l'occasion de
confondre une doctrine, qui grandissait chaque jour à son
détriment. Peut-être la religion du Christ n'a-t-elle
pas toute la solidité dont elle se flatte ; jusqu'alors elle
n'a agi que près du peuple et souvent en secret, à
cause de la persécution, maintenant elle va subir l'épreuve
d'une discussion en publique, non seulement Arius va lui porter des
coups qu'il déclare décisifs, mais de toutes parts les
sophistes, les rhéteurs de l'idolâtrie sont accourus,
travaillant l'opinion du peuple et se réjouissant d'un
triomphe certain, car ils ne supposent pas qu'on pourra résister
à leur habile dialectique.
«
"Les philosophes païens, les disciples de l'école
néo-platonicienne d'Alexandrie accoururent en foule, dit le P.
Prat, soit pour fomenter la division parmi les chrétiens, soit
pour jouir du spectacle de ces controverses et peut-être en
faire l'objet de leurs railleries, soit pour se donner le plaisir
d'argumenter contre des vieillards qu'ils croyaient étrangers
à l'art du syllogisme et aux spéculations de la
métaphysique. Arius lui-même avait appelé à
Nicée une tourbe de ces sophistes, pour soutenir son parti au
moins par leurs clameurs..."
«
Un de ces sophistes aborda saint Nicolas, lui parla contre le mystère
de la Sainte Trinité, qu'il qualifia d'absurde, ne pouvant
admettre que trois unités n'en fassent qu'une seule. Saint
Nicolas sans discuter plus amplement ramasse une brique, et, la
tenant entre ses mains, il dit à son adversaire : "Pourquoi
regarder comme impossible en Dieu ce qui se trouve en quelque manière
dans la créature ? Voici bien une seule brique, mais qui s'est
formée par la terre, l'eau et le feu." Comme il parlait,
voilà que de la brique s'échappe un lame de feu,
s'écoule de l'eau et il ne reste plus que de la poussière,
sèche dans sa main. On ne nous dit pas si son interlocuteur se
convertit, mais il y a lieu d'en douter fortement, car ceux qui
recherchent Dieu avec l'apparence de la vaine science, seront
opprimés par sa gloire, dit l'Esprit-Saint, et Jésus-Christ
ajoute qu'ils ne croiraient pas à ceux qui ressusciteraient
d'entre les morts pour leur annoncer la vérité.
«
Le concile étant ouvert, Arius s'y présenta avec son
orgueilleuse assurance, il prit la parole pour exposer sa doctrine,
mais à peine avait-il ouvert la bouche que déjà
il avait redit tous ses blasphèmes, assurant que Jésus-Christ
n'est qu'une créature. À ces paroles, saint Nicolas ne
put contenir son indignation, il s'avança vers Arius et lui
appliqua un soufflet si violent qu'il faillit le jeter à la
renverse. Au sein de l'émotion générale, Arius
s'avança vers l'Empereur et lui demanda réparation de
cette injure. La loi est formelle : quiconque aura levé la
main sur un autre, en présence de l'Empereur, doit avoir la
main coupée. Constantin répond qu'il ne peut juger un
évêque et remet l'affaire entre les mains des pères
du concile. L'embarras des évêques fut grand, si d'un
côté ils connaissaient la sainteté de l'homme de
Dieu, de l'autre ils ne pouvaient nier le flagrant délit, ils
prirent une mesure digne de leur sagesse.
«
Supposant que le saint évêque ne s'était départi
de sa douceur ordinaire que par une permission du Ciel, et ne voulant
pas entraver la marche de délibérations, ils
demandèrent à l'Empereur que le jugement de saint
Nicolas fût différé jusqu'après le
concile. Cependant, par une mesure que personne ne songera à
blâmer, ils ordonnent que saint Nicolas soit déposé
de la dignité épiscopale. On lui enlève le
pallium, on lui retire le livre des Évangiles, on lui lie les
bras, on lui fixe les pieds dans des ceps et on le jette en prison.
«
Mais la nuit suivante, Notre-Seigneur lui apparaît avec sa
Sainte Mère. Jésus-Christ brise ses entraves, lui rend
le livre des Évangiles, Marie place le pallium sur ses
épaules. Le lendemain, les gardiens furent extrêmement
surpris de trouver leur prisonnier dans cette situation. Ils courent
prévenir les pères du concile qui, aussitôt, le
font sortir de prison, se jettent à ses pieds et implorent
leur pardon. Notre saint demande ensuite à dire la Messe de la
Sainte Vierge en action de grâces. Par respect pour la sentence
qui avait été prononcée contre lui la veille,
mais qui désormais paraissait cependant de bien peu de valeur,
il laisse de côté les ornements propres aux évêques,
pour ne revêtir que les habits des simples prêtres et se
présente à l'autel. Aussitôt Marie, accompagné
de deux anges, apparut en présence des pères du concile
et de toute l'assistance, l'un des anges lui imposa le pallium et
l'autre plaça la mitre sur sa tête.
«
Il peut paraître étonnant que les historiens
contemporains n'aient pas rapporté ce fait quand ils parlent
do concile de Nicée. Mais si les monuments historiques de
cette époque sont rares et incomplets, la tradition n'est pas
muette à ce sujet. L'an 1590, un patriarche grec passa par la
ville de Bari, où se conserve le corps de saint Nicolas, et
admira la dévotion dont il était l'objet. Ses yeux
vinrent à tomber sur un tableau de notre saint, alors il dit
que les histoires grecques affirment que, quand on jeta saint Nicolas
en prison, on lui brûla aussi la barbe. Le père
Sylvestre Rossano, capucin, Grec d'origine, célèbre par
sa vertu et son érudition, affirme avoir lu à
différentes reprises, dans les manuscrits grecs en Calabre,
qu'on a brûlé la barbe à saint Nicolas, à
l'occasion du sufflet qu'il avait donné à Arius, mais
que célébrant ensuite la Messe, il vit sa barbe
repousser plus abondante qu'auparavant.
«
Gélase Cyzicène qui a écrit les actes du Concile
de Nicée, ne dit rien de ses événements, les
auteurs plus récents qui en parlent ne les donnent pas comme
certains, toutefois il en est fait mention dans le Ménologe
des Grecs et saint André de Crète le laisse entendre.
"Vous avez été le chef de l'expédition
contre l'ennemi du salut, dit ce saint Père, vos reins étaient
ceints par la vérité, vous aviez la cuirasse de la
justice, vos pieds étaient chaussés pour répandre
l'Évangile. Avec cette armure salutaire, vous êtes resté
ferme comme le roc déjouant les ruses perfides de l'ennemi.
Avec le bouclier de l'espérance, allant contre ceux qui
osaient vous attaquer, vous les accablez de traits."
«
Mais si ces faits n'ont pas la certitude historique désirable,
ils rappellent un trait de la Passion du Sauveur. Au tribunal du
grand-prêtre la vérité fut souffletée,
voici que le mensonge élève la voix au tribunal de la
vérité, et le soufflet qu'avait reçu le Maître
lui est rendu. » (Abbé Jules Laroche, Vie de Saint
Nicolas..., 1886, pp. 121-128).
Et
aujourd'hui, que méritent « les nouveaux Ariens »
et « les nouveaux marchands de mort » au
Vatican et dans les diocèses, qui ont occupé et profané
les lieux saints et mènent les âmes vers la perdition
éternelle avec leurs blasphèmes et leurs sacrilèges
quotidiens ? Mais qui les combattra ? Où sont les vrais
soldats du CHRIST ? « Il faut donc que les peureux, qui devant
la situation actuelle pensent capituler face à la synagogue de
satan par crainte de ses persécutions, de sa puissance et de
son influence, réfléchissent que les terribles menaces
actuelles sont loin d'être aussi graves que celles qu'eurent à
affronter le Christ Notre-Seigneur, les Apôtres et les premiers
chrétiens, face non seulement au puissant Judaïsme, mais
aussi au pouvoir alors apparemment invincible de l'Empire Romain, qui
fut la plus grande et le plus forte puissance de tous les temps, les
deux menaces mortelles se combinant avec celle de la désintégration
interne du Christianisme provoquée par les hébreux et
leurs infiltrés avec le Gnosticisme et les autres hérésies
destructrices. Qu'ils réfléchissent que si malgré
une telle situation bien plus difficile et plus tragique que
l'actuelle, la Sainte Église put alors, non seulement
subsister, mais réussir à obtenir une victoire complète
sur ses mortels ennemis, ce fut parce qu'elle eut des pasteurs qui ne
faiblirent jamais, qui ignorèrent la crainte, et n'acceptèrent
jamais de conclure des accords honteux avec les forces de satan. Eux,
ne pensèrent à aucun moment chercher des solutions de
compromis basées sur une prétendue mais cependant
fausse prudence. Ils ne parlèrent, ni de coexistence
pacifique, ni de solutions diplomatiques, qui ne sont que sophismes
employés par des clercs sans courage ou complices de l'ennemi,
lesquels prétendent de nos jours que la Sainte Église
et ses Pasteurs livrent aux griffes du loup les brebis dont le Christ
Notre-Seigneur leur confia la garde zélée, cela
évidemment au préjudice du prestige de la même
Église et de la Foi qu'ont mis en elle les fidèles
catholiques. » (M. Pinay, 2000 ans de complots contre
l'Église, Rome, 1962).
« Et
JÉSUS monta à Jérusalem. Et Il trouva dans le
temple des vendeurs de boeufs, de brebis et de colombes, et des
changeurs assis. Et ayant fait une sorte de fouet avec des cordes, Il
les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les boeufs, et Il
répandit l'argent des changeurs et renversa leurs tables. Et
Il dit à ceux qui vendaient des colombes : Emportez-moi cela
d'ici, et ne faites pas de la maison de Mon Père une maison de
trafic. Or, les disciples se rappelèrent qu'il est écrit
: Le zèle de votre maison me dévore. »
(Joann. II, 13-17).
Où
sont-ils, ces ministres du Seigneur qui combattent aujourd'hui pour
la vraie Foi avec courage et intrépidité, sans
ménagement et sans compromis de
doucereux salonnards et de
vils traîtres ?
N'ont-ils pas honte, ces ministres qui sont devenus mous, efféminés,
comme des chiens de salon qui ne savent plus aboyer ?
« Il
y aura du courage quand la foi sera vive dans les cœurs, quand on
pratiquera tous les préceptes imposés par la foi ; car
la foi est impossible sans les œuvres, comme il est impossible
d'imaginer un soleil qui ne donnerait point de lumière et de
chaleur...
« Que
l’on n’exagère pas par conséquent les difficultés
quand il s’agit de pratiquer tout ce que la foi nous impose pour
accomplir nos devoirs, pour exercer le fructueux apostolat de
l’exemple que le Seigneur attend de chacun de nous : Unicuique
mandavit de proximo suo.
Les difficultés viennent de qui les crée et les
exagère, de qui se confie en lui-même et non sur les
secours du ciel, de qui cède, lâchement intimidé
par les railleries et les dérisions du monde : par où
il faut conclure que, de nos jours plus que jamais, la force
principale des mauvais c’est la lâcheté et la
faiblesse des bons, et tout le nerf du règne de satan réside
dans la mollesse des chrétiens.
« Oh !
S’il m’était permis, comme le faisait en esprit le
prophète Zacharie, de demander au divin Rédempteur :
« Que sont ces plaies au milieu de vos mains ? Quid
sont istæ plagæ in medio manuum tuarum ? »
la réponse ne serait pas douteuse : « Elles
m’ont été infligées dans la maison de ceux qui
m’aimaient. His
plagatus sum in domo eorum qui diligebant me » :
par mes amis qui n’ont rien fait pour me défendre et qui, en
toute rencontre, se sont rendus
complices de mes adversaires. » (Discours de S. S. Pie X
pour
la béatification de Jeanne d'Arc, 13 décembre
1908).
«
Ses sentinelles sont toutes aveugles, elles sont toutes dans
l'ignorance ; ce sont des chiens muets, qui ne peuvent aboyer, qui
voient des choses vaines, qui dorment et aiment à rêver.
Et ces chiens impudents ne peuvent se rassasier ; les pasteurs
eux-mêmes n'ont aucune intelligence ; chacun se détourne
pour suivre sa voie ; chacun va à son avarice, depuis le plus
grand jusqu'au plus petit. » (Is. LVI,
10-11).
« Le
prêtre tue l'âme qu'il laisse périr par son
criminel silence, dit encore saint Grégoire. Nous tuons autant
d'âmes que nous en voyons aller à la mort sans nous en
inquiéter, parce que la tiédeur nous domine et nous
enchaîne : le péché de la brebis devient le péché
du pasteur qui vit dans la torpeur, l'engourdissement, la tiédeur.
Voici donc ce qu' il a à faire, pour ne pas périr si la
brebis se perd : qu'il sorte de sa tiédeur, qu'il veille,
qu'il s'oppose aux œuvres mauvaises...(Prov. VI. 3. 4. ; Lib.
XXI Moral.)
«
Soyez attentifs et à vous et à tout le troupeau sur
lequel Dieu vous a établis surveillants pour gouverner
l'Église de Dieu qu'Il a acquise de Son sang, dit l'Apôtre
(Act. XX, 28)... Les fautes des inférieurs, dit saint Bernard,
doivent être attribuées par-dessus tout aux prêtres
tièdes et paresseux (Lib. de Consid.).
« Gédéon
renvoya un grand nombre de soldats de son armée : 1. Tous ceux
qui avaient peur, tous les timides ; de même JÉSUS-CHRIST
répudie, comme des soldats lâches et indignes, les
prêtres qui ne portent pas sa croix, qui se croient trop
faibles, qui se reposent dans la tiédeur... 2. Gédéon
refuse ceux qui avaient bu en courbant les genoux ; de même
JÉSUS-CHRIST rejette les prêtres qui, pleins de
pusillanimité, de tiédeur, ne font rien, s'inclinent
vers les choses de la terre et s'y attachent. Les prêtres
tièdes veulent présider, mais ils ne se mettent point
en peine de se rendre utiles, dit saint Pierre Damien (Lib.
II, epist. II).
« Malheur
à vous, pasteurs (tièdes) ! dit le Seigneur par
Ézéchiel. Vous n'avez pas fait paître mon
troupeau, vous n'avez pas fortifié les faibles, vous ne
guérissiez pas les malades, vous ne pansiez pas les brebis
blessées, vous n'avez point relevé celles qui étaient
tombées, et vous n'avez point cherché celles qui
s'étaient perdues. Et mes brebis ont été
dispersées, parce qu'elles n'avaient point de pasteur (XXXIV,
3-5).
« Les
pasteurs qui se contentent d'enseigner, mais qui mènent une
vie tiède, dit saint Grégoire, tuent leurs auditeurs en
ne faisant pas ce qu'ils disent, quoiqu'ils les nourrissent de la
parole ; ils perdent, par leur négligence, ceux qu'ils
paraissent soutenir du lait de la doctrine (Moral.).
« Donnez-leur,
Seigneur, dit le prophète Osée. Et que leur
donnerez-vous ? Donnez-leur des entrailles stériles et des
mamelles arides (IX, 14).
Ceci a lieu dans les prédicateurs, les pasteurs, les prélats,
les confesseurs, et tous ceux qui doivent enfanter des âmes à
Dieu. Car, lorsqu'ils s'efforcent de remplir leur ministère
par le pur zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes,
ils brillent par le nombre et les vertus de leurs enfants spirituels
; mais s'ils se cherchent eux-mêmes, s'ils cherchent l'argent,
leurs aises, leur repos, bientôt leurs entrailles deviennent
stériles, et les mamelles de la grâce se dessèchent
; tellement qu'ils ne peuvent plus engendrer des enfants spirituels à
JÉSUS-CHRIST, ni les allaiter et les élever. C'est ce
que dit JÉSUS-CHRIST : Celui qui ne demeure pas en Moi sera
jeté dehors comme le sarment , et il séchera, et on le
ramassera pour le jeter au feu et le brûler. Comme le sarment
ne peut porter du fruit de soi-même, s'il ne demeure attaché
à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne
demeurez en Moi : parce que sans moi vous ne pouvez rien faire
(Joann. XV, 4-6)...
« Il
n'y a de vrais prêtres de Dieu que ceux qui ont une vie pure
dit Clément d'Alexandrie (Lib. III Strom.)... O
prêtres corrompus, s'écrie saint Pierre Damien, vous
êtes les victimes des démons, destinés à
l'éternelle mort ; et le diable se nourrit et s'engraisse de
vous comme du mets le plus exquis (Lib. IV, epist.
III)... Les prophètes et les prêtres se sont souillés,
et j'ai vu leur iniquité, dans ma maison dit le Seigneur par
Jérémie (XXIII,
11)...
« Les
mauvais prêtres sont les causes de la perte des peuples, dit
saint Grégoire (Lib. XIV, epist. LXIV)... Un
grand nombre, considérant la vie infâme du prêtre
scandaleux, dit saint Bernard, deviennent chancelants ; ou plutôt,
souvent ils perdent la foi, ils n'évitent plus les vices, ils
méprisent les Sacrements, ils n'ont plus horreur de l'enfer,
ils ne désirent plus le Ciel (De XII Paenit. imp.,
serm. XIX).
« Nul
ne peut, en se tenant dans la vallée, parler du haut de la
montagne, dit saint Chrysostome ; mais du lieu où vous vous
trouvez, faites entendre votre voix, ou restez au lieu d'où
vous parlez. Si votre esprit est sur la terre, pourquoi parlez-vous
du ciel ? Il vaut mieux agir et ne pas instruire, que d'instruire et
ne pas agir ; parce que celui qui agit corrige quelques personnes par
son exemple ; mais celui qui enseigne et n'agit pas, non-seulement ne
corrige personne, mais de plus en scandalise beaucoup. Car qui n'est
pas tenté de pécher, lorsqu'on voit pécher les
docteurs mêmes de la justice ? (Homil. IX et X in
Matth.)...
« Lorsqu'un
arbre jaunit, se dessèche, on voit que ses racines sont
attaquées ; de même, lorsque vous voyez un peuple sans
religion, vous pouvez conclure qu'il a eu, ou qu'il a des pasteurs
scandaleux... Les prêtres qui s'abandonnent au mal, y
entraînent les peuples, ils tuent et se tuent, dit saint
Bernard (Serm. LXXVII in Cant.)... Ce sont les prêtres
scandaleux qui détruisent le sanctuaire de Dieu, dit saint
Jérôme (Epist. XLVIII)... Plusieurs sont catholiques
dans leurs discours, et sont hérétiques dans leurs
actions, dit saint Bernard. Ce que les hérétiques
faisaient par leurs dogmes erronés et corrompus, les prêtres
scandaleux le font par leurs mauvais exemples ; et le mal qu'ils font
l'emporte d'autant plus sur celui que font les hérétiques,
que les œuvres sont plus efficaces que les paroles (Ad Past. in
synod.). C'est par la négligence et le scandale des
mauvais prêtres que les hérésies ont pullulé,
dit saint Pierre de Blois (Serm. L. ad Sac.). En
scrutant les histoires anciennes, dit saint Jérôme, je
ne puis trouver que l'Église a été déchirée,
et les peuples séduits, que par les mauvais prêtres (In
Cant.).
« Les
mauvais pasteurs ont ravagé ma vigne, dit le Seigneur par
Jérémie ; ils ont foulé aux pieds mon héritage
; ils ont changé en une affreuse solitude l'héritage
que j'avais choisi. Ils l'ont désolé ; j'ai vu sa ruine
(XII, 10-11). Les gardiens de la loi ne m'ont point connu, dit
Je Seigneur, les mauvais pasteurs ont violé mes préceptes
; ils ont parlé au nom de Baal, et ils ont couru après
les idoles (Jerem. II, 8). Mon peuple a été un
troupeau perdu ; leurs pasteurs les ont égarés, et les
ont fait errer dans les montagnes arides ; ils les ont dévorés
(Jerem. L, 6-7). Lorsqu'une brebis ne suit pas un bon berger,
dit saint Clément, elle est exposée aux loups ; et
lorsqu'elle suit un mauvais berger, sa mort est certaine, elle est
dévorée. C'est pourquoi il faut fuir les pasteurs
assassins (Lib. I Strom.).
« Prêtres
qui ne voulez pas M'entendre, qui ne voulez pas rendre gloire à
Mon nom, qui ne vous respectez pas, qui ravagez Ma vigne, j'enverrai
sur vous la détresse, et je maudirai vos bénédictions,
dit le Seigneur (Malach. II, 2)... Malheur aux pasteurs qui
perdent et déchirent le troupeau de Mon pâturage ! dit
le Seigneur (Jerem. XXIII, 1). Les prêtres se sont
souillés, et J'ai vu leur iniquité dans Ma maison, dit
le Seigneur. C'est pourquoi leur voie sera un chemin glissant au
milieu des ténèbres ; on les poussera, et ils se
heurteront, et j'amasserai sur eux tous les maux, dit le Seigneur
(Jerem. XXIII, 11-12).
«
Il s'est glissé parmi vous certains hommes, depuis longtemps
désigné pour la condamnation, des impies qui changent
la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre
seul maître et Seigneur JÉSUS-CHRIST. Je veux vous
rappeler, quoique vous sachiez fort bien toutes choses, que JÉSUS
ayant délivré le peuple du pays d'Égypte, fit
ensuite périr ceux qui furent incrédules ; et que les
anges qui n'ont pas conservé leur dignité, mais qui ont
abandonné leur propre demeure, ont été réservés
par Lui pour le jugement du grand jour, liés par des chaînes
éternelles, dans les ténèbres. De même,
Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines, qui se livrèrent
comme eux à l'impureté et à des vices contre
nature, sont devant nous comme un exemple, subissant la peine du feu
éternel. Pareillement, ces hommes aussi souillent la chair ;
de plus, ils méprisent l'autorité, et insultent ceux
qui sont élevés en dignité. Cependant l'archange
Michel, lorsqu'il discutait avec le diable, lui disputant le corps de
Moïse, n'osa pas porter contre lui un jugement injurieux ; mais
dit : Que le Seigneur te réprime ! Mais ceux-ci insultent tout
ce qu'ils ignorent ; quant à celles qu'ils connaissent
naturellement, comme les bêtes brutes, ils s'y corrompent.
«
Malheur à eux ! car ils ont suivi la voie de Caïn ; ils
se sont jetés, pour
un salaire, dans l'erreur de Balaam, et ils ont péri
dans la rébellion de Coré. Ils sont des taches dans
leurs repas de charité, faisant bonne chaire sans retenue, se
repaissant eux-mêmes ; nuées sans eau, emportées
çà et là par les vents ; arbres d'automne, sans
fruits, deux fois morts, déracinés ; vagues furieuses
de la mer, qui rejettent l'écume de leurs infamies ; astres
errants, auxquels une tempête ténébreuse est
réservée pour l'éternité. C'est d'eux
qu'a prophétisé Énoch, le septième
patriarche depuis Adam, lorsqu'il a dit : Voici, le Seigneur est venu
avec ses saintes myriades pour exercer un jugement contre tous, et
pour convaincre tous les impies de toutes les œuvres d'impiété
qu'ils ont commises, et de toutes les dures paroles que ces pécheurs
impies ont proféré contre Lui.
«
Ce sont des mécontents qui murmurent, qui marchent suivant
leurs convoitises, dont la bouche prononce des paroles hautaines, et
qui admirent les gens par intérêt. Mais vous,
bien-aimés, rappelez-vous les choses qui ont été
prédites par les Apôtres de notre Seigneur JÉSUS-CHRIST
; ils vous disaient qu'au dernier temps il viendra des moqueurs, qui
marcheront dans l'impiété, suivant leurs convoitises.
Ce sont eux qui se séparent eux-mêmes, êtres
sensuels, n'ayant pas l'esprit. Mais vous, bien-aimés, vous
élevant vous-mêmes comme un édifice sur le
fondement de votre sainte Foi, et priant par l'ESPRIT-SAINT,
conservez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde
de notre Seigneur JÉSUS-CHRIST, pour obtenir la vie éternelle.
» (Épitre de saint Jude, 4-21).
Hélas!
que de malheureux prêtres,
De
loups sous la peau des agneaux,
De
Judas, de malheureux traîtres,
Plus
cruels que tous les bourreaux!
Est-ce
ainsi donc que l'homme offense
Le
Cœur amoureux du Sauveur?
Est-ce
là sa reconnaissance?
Quel
outrage, quel crève-cœur!
Quelle
cruauté! cet impie
Exerce
toutes ses fureurs
Dans
l'église, où se réfugie
Jésus
chassé de plusieurs cœurs.
Aurons-nous
donc les cœurs de pierre
Sans
prendre part à ses douleurs?
Ah!
souffrons avec lui sur terre,
Avec
son sang mêlons nos pleurs.
Il
nous dit comme à ses apôtres:
On
m'abandonne, mes amis,
Voulez-vous
me quitter vous autres,
Et
vous joindre à mes ennemis?
Ah!
je souffrais ces injures
De
mes ennemis déclarés,
Mais
ceux que j'aime sans mesures
M'outrageront!
amis, pleurez.
Ah!
mon Cœur est à l'agonie,
On
m'attaque dans ma maison,
On
m'y trahit, on m'y renie,
On
change mon sang en poison.
Mon
Cœur crie en son amertume,
Il
est accablé du péché,
Aurez-vous
tous des cœurs d'enclume,
Aucun
n'en sera-t-il touché?
Si
vous m'abandonnez, fidèles,
Je
suis abandonné de tous,
Irai-je
chez les infidèles?
Ils
me connaissent moins que vous.
Mon
Cœur vous aime et vous désire,
C'est
pour vous qu'il est transpercé;
Après
votre cœur il soupire,
Eh
quoi! Serai-je délaissé?
DIEU
SEUL...
AMENDE
HONORABLE AU CŒUR DE JÉSUS
O
Cœur de Dieu, Cœur adorable,
Cœur,
objet de tous mes amours,
O
Cœur infiniment aimable,
Qui
m'aimez et m'aimez toujours.
Quoique
très pauvre et misérable,
Quoique
le plus grand des pécheurs,
Je
fais une amende honorable
A
votre Cœur, à vos grandeurs.
Pardon
pour tous les infidèles,
Qui,
quoiqu'ils soient tous faits pour vous,
Malgré
vos bontés paternelles,
Vous
attaquent, se damnent tous.
Pardon
pour tous les schismatiques
Séparés
de votre unité.
Pardon
pour tous les hérétiques,
Qui
nient votre vérité.
Ah!
pardon de leurs barbaries,
Pardon
de leurs indignités,
Pardon
de toutes leurs furies
Et
toutes leurs cruautés.
Pardon,
divin Cœur, on oublie
Votre
Cœur au Saint-Sacrement,
Pardon
pour ce chrétien impie
Qui
le profane incessamment.
Ah!
pardon de ces insolences,
De
ces rendez-vous criminels,
Pardon
de tant d'irrévérences
Dont
on souille vos saints autels.
On
va percer votre Cœur même,
Ce
que ne fait pas le démon;
Pour
ce parjure et ce blasphème,
Je
vous en demande pardon.
Pardon
pour tous les mauvais prêtres
Et
tous vos ennemis cachés;
Pardon
pour mille et mille traîtres
Qui
vous reçoivent en péchés.
Hélas!
on vous ôte la vie
Malgré
vous-même en plusieurs cœurs,
Hélas!
l'on vous y crucifie.
Pleurez,
mes yeux, coulez, mes pleurs.
Pardon
pour tant d'âmes si lâches,
Qui
près des autels vont dormir;
Qui
par leur cœur souillé de taches,
Excitent
le vôtre à vomir.
Miséricorde
pour moi-même
De
vous avoir tant approché
Avec
une tiédeur extrême,
Avec
un cœur plein de péché.
Pardonnez-moi
ma négligence,
Mon
peu de préparation
Et
ma cruelle indifférence
Pour
la sainte Communion.
Pardon
de mon ingratitude
Après
tant de bienfaits reçus,
De
mon peu de sollicitude
A
vous suivre dans vos vertus.
O
mon Jésus, miséricorde
Pour
tous les péchés que j'ai faits;
Si
votre Cœur ne me l'accorde,
Je
suis perdu pour un jamais.
Peux-tu,
mon cœur, être insensible
Au
Cœur de Jésus méprisé?
Non,
non, il n'est pas possible,
C'est
pour toi qu'Il s'est épuisé.
Si
le cœur d'un Turc infidèle
T'avait
aimé jusqu'à ce point,
Tu
l'aimerais, ô cœur rebelle;
Pour
ce Cœur, tu ne l'aimes point.
Cœur
amoureux, je vous embrasse,
Je
me donne à vous tout entier.
Il
est juste que je le fasse,
Vous
m'avez aimé le premier.
Hélas!
que n'ai-je autant de larmes
Que
de gouttes d'eau dans la mer!
J'en
vois tant qui portent les armes
Contre
un Cœur qu'il faudrait aimer.
Que
ne puis-je courir la terre
Pour
m'écrier en tous les lieux:
Pécheurs,
ne faites pas la guerre
Au
Cœur de Jésus amoureux!
Que
ne puis-je par mille hommages,
En
me traînant la corde au cou,
Réparer
ces sanglants outrages,
Quand
j'en devrais passer pour fou!
O
Cœur, que ne puis-je vous mettre
Dans
tous les esprits et les cœurs,
Et
que ne puis-je vous soumettre
Ceux
des rois et des empereurs!
Qu'au
moins, tous les vers de ces pages
Soient
autant de prédicateurs,
Pour
réparer tous vos outrages
Et
donner grâce à leurs lecteurs!
Allez
partout fondre les glaces,
Allez
détruire les péchés,
Allez
rendre à Dieu vos hommages,
Allez,
sans demeurer cachés.
Faut-il
que je ne puisse dire
Ce
que je goûte et je ressens?
Parlez,
soulagez mon martyre,
Parlez,
vous êtes tout-puissant.
Formez-vous
par votre puissance
Quelques
nouveaux prédicateurs,
Pour
prêcher votre amour immense
Et
pour publier vos grandeurs.
Par
le Sacré-Cœur de Marie,
Honneur
au vôtre, mon Jésus,
Écoutez
ce cœur qui vous prie
Et
qui vous honore le plus.
O
Sacré-Cœur, par ses mamelles,
Par
son sein qui vous a porté,
Pardonnez
à des infidèles
Les
excès de leur cruauté.
Charmé
de la flamme divine
Dont
je vois votre Cœur si plein,
C'en
est fait, j'ouvre ma poitrine,
Divin
Cœur, entrez dans mon sein.
Enfin,
ma demande est hardie,
Chassez
de moi mon cœur pécheur
Et
que je n'aie en cette vie
Point
d'autre cœur que votre Cœur.
(Saint
Louis-Marie Grignion de Montfort, Cantiques des missions)